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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/234

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contre Rome vaincue. Comment ! une tragédie, cela était intolérable ! Et ils se chatouillaient pour rire, ils plaisantaient M. Parodi sur la formule démodée qu’il avait ressuscitée. Eh bien ! en toute conscience, je trouve les Romains de Rome vaincue autrement vivants que les frondeurs de Coq-Hardy. Certes, la tragédie, que les romantiques avaient tuée, se porte beaucoup mieux à cette heure que le drame. Je ne veux pas même établir un parallèle entre les deux pièces, car d’un côté il y a le souffle d’un tempérament dramatique, tandis que, de l’autre, je ne vois que le pastiche banal de tous les mélodrames odieux qui m’assomment depuis quinze ans. Ici, la question d’art s’élève au-dessus des formules. Et combien je préfère la langue incorrecte de M. Parodi au ron-ron de M. Poupart-Davyl !


IV

M. Poupart-Davyl a fait jouer à l’Ambigu un drame en six actes : les Abandonnés, qui a eu un très vif succès le soir de la première représentation.

Guillaume Aubry est un ouvrier serrurier qui a épousé à Tours une fille superbe, Nanine, laquelle l’a abandonné après quelques mois de mariage. Vainement il l’a cherchée, fou de tendresse et de rage ; elle roule le monde, elle est faite pour les amours cosmopolites et pour les aventures. Guillaume est venu à Paris, où il a fini par s’établir. La loi est là qui l’empêche de se remarier, mais son cœur s’est donné à une honnête blanchisseuse, Ursule, avec laquelle il vit maritalement, et dont il a deux petits garçons.