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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/233

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étaient en scène et se perdaient dans des considérations sur la Fronde, je voyais les spectateurs ne plus écouter, lever le nez, s’intéresser au lustre ou aux peintures du plafond. Je vous demande un peu à quoi rime la Fronde pour nous ? Il fallait qu’un choc d’épée ou la déclamation d’une tirade vertueuse ramenât l’attention sur la scène. Alors, on applaudissait, pour se réveiller sans doute. Je jurerais que les deux tiers des spectateurs n’ont pas compris la pièce. Coq-Hardy n’en a pas moins marché jusqu’à la fin, et le nom de l’auteur a été acclamé. On en est arrivé à un grand mépris des jugements sincères.

Certes, je souhaite tous les succès à M. Poupart-Davyl. Il y avait des choses très acceptables dans sa Maîtresse légitime, à l’Odéon. Je suis certain que la forme de notre mélodrame historique est surtout la grande coupable, dans cette affaire de Coq-Hardy. On ne ressuscite pas un genre mort. J’entendais bien, dans la salle, les romantiques impénitents rejeter toute la faute sur M. Poupart-Davyl, en l’accusant d’avoir gâché un bon sujet. Mais la vérité est qu’il est impossible aujourd’hui de refaire les pièces d’Alexandre Dumas. Il faudrait tout au moins renouveler le cadre, chercher des combinaisons, choisir des époques inexplorées. Voyez les faits : M. Poupart-Davyl a un grand succès avec la Maîtresse légitime, et je doute qu’il fasse autant d’argent avec Coq-Hardy. Ouvrira-t-on les yeux, comprendra-t-on qu’on doit laisser au magasin des accessoires toutes les guenilles historiques, pour entrer définitivement dans le drame moderne, qui est fait de notre chair et de notre sang ?

Dernièrement, les romantiques impénitents se fâchaient