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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/249

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durs pour la pièce ont ici retiré leur chapeau.

Eh bien, cela me met hors de moi. Je trouve cela puéril, fou, exaspérant. Si réellement la situation au théâtre doit consister dans de pareilles devinettes, monstrueuses et enfantines, rien n’est plus facile que d’en inventer, et de plus stupéfiantes encore. Quoi ! il y aura du talent à résoudre des problèmes sans issue raisonnable, à poser des cas qui ne sauraient se présenter et à se tirer ensuite d’affaire par des lieux communs ! Et le pis est que, dans ces aventures extraordinaires, le personnage disparaît fatalement. Sommes-nous ensuite plus avancés sur le compte d’Ellack ? Pas le moins du monde. Ce garçon aime mieux sa mère, parce que son père se conduit mal. Cela est d’une psychologie médiocre. Aucune analyse, d’ailleurs. Les faits mènent les personnages comme des marionnettes. Il n’y a pas la une étude humaine. Il y a simplement des abstractions qui se promènent, au gré de l’auteur, dans des casiers étiquetés à l’avance.

Qui dit théâtre, dit action, cela est hors de doute. Seulement, l’action n’est pas quand même l’entassement d’aventures qui emplit les feuilletons des journaux. Dans toute œuvre littéraire de talent, les faits tendent à se simplifier, l’étude de l’homme remplace les complications de l’intrigue ; et cela est d’une vérité aussi évidente au théâtre que dans le roman. Pour moi, toute situation qui n’est pas amenée par des caractères et qui n’apporte pas un document humain, reste une histoire en l’air, plus ou moins intéressante, plus ou moins ingénieuse, mais d’une qualité radicalement inférieure. Et c’est ce que je reproche aux critiques de n’avoir pas dit, en parlant du Chien de l’aveugle.