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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/292

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les uns aux autres et explique tant bien que mal leur course au clocher. D’ailleurs, tout cela est le prétexte ; l’intention de l’auteur est de présenter une suite de tableaux saisissants, une sorte de panorama géographique qui instruise et qui charme à la fois.

Mon Dieu ! la pièce est à coup sûr mal bâtie. Elle prête à rire par des puérilités, des façons innocentes et convaincues de présenter les choses. Rien n’est drôle parfois comme ces voyageurs qui dissertent au milieu des sauvages. Mais, en vérité, M. Figuier n’est pas l’inventeur du genre, et on a eu tort de lui faire porter tout le ridicule d’une pièce dont les modèles eux-mêmes sont parfaitement grotesques.

J’avoue, quant à moi, faire une très faible différence entre les Six Parties du monde et le Tour du monde en 80 jours. Et, puisque le titre de cette dernière pièce vient sous ma plume, je veux dire combien une œuvre pareille me paraît inférieure et drôlatique. Rien de moins scénique que l’idée sur laquelle elle repose ; le héros de l’aventure, qui gagne un jour sans le savoir, peut être un monsieur intéressant pour des astronomes et des géographes, mais je jurerais bien que, sur les milliers de spectateurs qui sont allés à la Porte-Saint-Martin, quelques douzaines au plus ont compris l’ingéniosité scientifique du dénoûment. Tout le reste de l’intrigue est d’une banalité rare.

L’épisode le plus saillant est celui de la veuve du Malabar que l’on va brûler vive ; et quelle étonnante histoire, grosse de comique, lorsqu’un des héros épouse cette veuve, à son retour en Angleterre ! Je connais peu d’intrigues qui mettent plus de solennité