Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/293

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dans la charge. Quand j’ai vu jouer la pièce, tout m’y a paru stupéfiant.

Certes, je m’explique parfaitement le succès. D’abord, il y avait un éléphant. Puis, deux ou trois tableaux étaient joliment mis en scène. On allait voir ça en famille, on y menait les demoiselles et les petits garçons qui avaient été sages. C’était un spectacle que les professeurs recommandaient. D’ailleurs, lorsqu’un courant de bêtise s’établit, il faut bien que tout Paris y passe. Moi, je préfère une féerie, je le confesse. Au moins une féerie n’a aucune prétention. Le côté irritant d’une machine telle que le Tour du monde en 80 jours, c’est qu’on rencontre des gens qui en parlent sérieusement, comme d’une œuvre qui aide à l’instruction des masses. J’entends la science autrement au théâtre.

Je me sens d’ailleurs beaucoup moins sévère pour Un Drame au fond de la mer. Il y avait là un tableau très original et d’un effet immense, celui du navire naufragé, avec ses cadavres, dans les profondeurs transparentes de l’Océan. Je sais bien que, pour arriver à ce tableau, et ensuite pour dénouer la pièce, les auteurs avaient entassé toute la friperie du mélodrame. Mais la pièce n’en contenait pas moins une trouvaille, tandis que le Tour du monde en 80 jours est un défilé ininterrompu de banalités, sans un seul tableau qui soit vraiment neuf. Si je m’explique le succès, je n’en trouve pas moins le public bon enfant et facile à contenter.

Aussi est-ce pour cela que j’ai une grande indulgence devant la tentative malheureuse de M. Figuier. Il est tombé où d’autres ont réussi ; mais le talent qu’il pourrait avoir importait peu. Il y a là une question