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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/294

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du plus ou du moins qui ne me touche pas. S’il avait fait quelques coupures, s’il avait écouté les conseils d’un ami, il aurait mis son œuvre debout, sans la rendre meilleure à mes yeux. C’est le genre qui est idiot, on doit dire cela carrément. Je vois là toul au plus des parades de foire que l’on devrait jouer dans des baraques en planches, des spectacles pour les yeux où le peuple achève de brouiller les quelques notions justes qu’il possède, des œuvres bâtardes et grossières qui gâtent le talent des acteurs et qui acheminent notre théâtre national vers les pièces d’un intérêt purement physique.

Remarquez que ce pauvre M. Figuier avait toutes sortes de bonnes intentions. Il voulait même être patriote, il avait pris des héros français, désireux de faire entendre que les Anglais et les Américains ne sont pas les seuls à courir le monde dans l’intérêt de la science. Le malheur est qu’il n’a pas su escamoter suffisamment les drôleries du genre. D’autre part, la scène étroite de Cluny ne se prêtait guère à un défilé des cinq parties du monde, augmentées d’une sixième. Fatalement, les moindres naïvetés y devenaient énormes. Il faut de la place, pour faire tenir une vaste bouffonnerie, établie sérieusement. Enfin, M. Figuier n’avait pas d’éléphant. Cela était décisif.

Pauvre science ! à quels singuliers usages on la rabaisse, pour battre monnaie ! La voilà maintenant qui remplace le bon génie et le mauvais génie de nos contes d’enfants. Certes, lorsque j’annonce que le large mouvement scientifique du siècle va bientôt atteindre notre scène et la renouveler, je ne songe guère à cette vulgarisation en une douzaine de tableaux