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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/297

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ns ce cas, ce serait moi qui aurais pu être traité de plagiaire.

Seulement, la rencontre entre les deux œuvres est vraiment prodigieuse. Il y a là un cas littéraire sur lequel je me permets d’insister, uniquement pour la curiosité du fait.

Imaginez qu’un auteur dramatique veuille tirer un drame de l’Assommoir. La grosse difficulté qu’il rencontrera sera le nœud même du drame, le ménage à trois, le retour de l’ancien amant que le mari ramène auprès de sa femme, un jour de soûlerie. Dans la vie réelle, j’ai connu des Coupeau, lentement hébétés par la boisson. Mais un romancier seul peut employer aujourd’hui de tels personnages, parce qu’il a le loisir de les analyser à l’aise et de tirer d’eux les terribles leçons de la vérité. Au théâtre, ils restent encore d’un maniement presque impossible.

Tout le problème, pour un auteur dramatique, serait donc d’accommoder Coupeau et Lantier, de façon à ce qu’ils pussent paraître devant le public, sans trop le révolter. Il faudrait, tout en gardant la situation du ménage à trois, trouver un arrangement qui maintiendrait l’aventure dans cette convention d’honnêteté scénique, hors de laquelle une pièce est fort compromise. En un mot, étant donné Gervaise, Lantier et Coupeau, il s’agirait de les conserver tous les trois, et pourtant de les rendre possibles, en modifiant légèrement les données du roman.

Eh bien, MM. Lafontaine et Richard ont trouvé une solution très agréable. J’avais songé à ces choses, avant la représentation de leur pièce, et j’ai été réellement surpris de ne pas avoir eu l’idée d’une solution aussi habile. Certainement, ce qui m’a empêché de la