Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dix ans. Est-ce à dire que le mensonge seul réussit au théâtre ? Non, certes. Il faut garder sa foi dans le vrai, même quand le vrai semble crouler de toutes parts. La vérité reste supérieure, inattaquable, souveraine. C’est à notre imbécillité, à notre manque de talent, qu’il faut s’en prendre. C’est nous, et non pas la vérité, qui faisons tomber nos pièces. Etudiez donc le théâtre, comparez et cherchez. Il existe certainement une tactique pour conquérir le public, on flaire dans l’air une formule, qu’un débutant découvrira, et qui indiquera la voie à suivre, si l’on veut donner à notre théâtre une vie nouvelle. Les révolutions dans les idées ne se précisent et ne triomphent que grâce à une formule. Inventez une facture, tout est là. »


III

Deux débutants, MM. Jules Kervani et Pierre de l’Estoile, ont fait jouer au Troisième-Théâtre-Français une pièce en cinq actes : l’Obstacle.

Voici, en gros, le sujet. Un jeune homme, Georges de Liray, a rencontré aux bains de mer une adorable jeune fille, mademoiselle de Champlieu. Il l’aime, il demande sa main à M. de Champlieu, et là il apprend tout un drame de famille : la mère de la jeune fille n’est pas morte, comme on l’a dit, elle a fui, il y a des années, avec un amant. Georges n’en poursuit pas moins son projet de mariage ; mais il se heurte contre un nouveau drame, son père lui confesse qu’il est l’amant de madame de Champlieu, laquelle a naturellement changé de nom. Dès lors, le mariage entre les jeunes gens paraît impossible. Les auteur