Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/316

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passions, nouer et dénouer leurs drames par les seules passions. Plus haut, toujours plus haut ! Tâchez de monter dans la vérité et dans le génie ! Tel est, selon moi, le seul langage qu’un critique ait lieu de tenir aux débutants qui arrivent avec leur jeunesse et leur bonne volonté.


IV

MM. Aurélien Scholl et Armand Dartois ont donné à l’Odéon une très agréable comédie, qui a eu un joli succès d’esprit.

Le titre le Nid des autres, dit le sujet d’une façon charmante. Il s’agit d’une certaine Désirée Blavière, dont le passé est fort louche, et qui a pris le titre sonore et romanesque de comtesse de Villetaneuse. Cette dame, à laquelle un Russe cosmopolite et original, toujours en voyage, M. Cramer, a eu l’étrange idée de confier sa fille Mathilde, vivait à Cannes de la pension que le père lui payait, lorsque l’envie lui est venue de marier Mathilde pour se faire à elle-même un intérieur. Un garçon riche, Rodolphe, épouse l’héritière, et Désirée s’installe chez eux avec ses trois enfants. C’est là le nid des autres.

On voit dès lors comment l’action s’engage. Désirée est plus impérieuse et plus exigeante qu’une belle-mère. Elle a fait le bonheur des époux, elle le leur rappelle à chaque minute et exige une reconnaissance éternelle. C’est elle qui gouverne, qui dispose des chambres de la maison, qui se sert des voitures, qui commande les domestiques. Et, à la moindre observation, elle éclate en reproches et en lamentatio