Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/326

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fils ! oui, mon fils ! » Comme on le dit après la solution de tout problème, c’est ce qu’il fallait démontrer.

Je crois inutile de rentrer dans la discussion de la thèse. Les auteurs ont voulu cela. Mais le premier venu peut vouloir autre chose, la thèse absolument contraire par exemple, et le premier venu n’aura qu’à arranger un autre drame, pour avoir également raison. La question d’art seule demeure, et j’ai le regret de constater que l’argumentation a fait un tort considérable au mérite littéraire de l’œuvre, en torturant les faits et en embarrassant le dialogue de plaidoyers inutiles. Les personnages n’obéissent plus à un caractère, mais à une situation ; ils font ceci et cela, non pas parce que leur nature est de le faire, mais parce que les auteurs veulent qu’ils le fassent. Dès lors, nous avons des pantins au lieu de créatures vivantes.


VI

Je retrouve M. Louis Davyl à l’Odéon, avec une comédie en trois actes : Monsieur Chéribois. Avant tout, j’analyserai l’œuvre. Ensuite, je me permettrai de la juger et d’en tirer une leçon, s’il y a lieu.

M. Chéribois est un bourgeois de Joigny qui passe grassement sa vie dans un égoïsme bien entendu. Il n’a autour de lui que des femmes qui le gâtent : madame Chéribois d’abord, puis sa filleule, Henriette, et la vieille bonne de la famille, Marion. Tout le premier acte sert à peindre cet intérieur cossu et tranquille, dans lequel le bon M. Chéribois ne tolère