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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/332

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t si ensuite le notaire Bonchamps ne mettait pas à néant le roman naïf de madame Dubois, en lui posant les questions nécessaires à la rédaction du contrat. Elle se trouble, et la grande scène attendue, la scène d’explication entre elle et son fils, se produit alors. Au dernier acte, le mariage ne se ferait naturellement pas, si Edith ne déclarait publiquement, dans un étrange coup de tête, qu’elle est la maîtresse de Daniel. M. Godefroy, vaincu par ce moyen un peu raide de comédie, se décide à les unir, à la condition que Coralie se retirera dans un couvent.

Avant tout, examinons la question de moralité. Je crois savoir que M. Delpit est à cheval sur la morale. Sa prétention, me dit-on, est d’écrire des œuvres dont les femmes ne rougissent pas, et dont l’influence salutaire doit améliorer l’espèce humaine, par des moyens tendres et nobles.

Or, j’avoue avoir cherché la vraie moralité du Fils de Coralie, sans être encore parvenu à la découvrir. Est-ce à dire que les filles ne doivent pas avoir de fils, ou bien qu’elles doivent éviter d’en faire des capitaines immaculés, si elles en ont ? Non, car Daniel est en somme parfaitement heureux à la fin, et il serait fils d’une sainte, qu’il n’aurait pas à remercier davantage la Providence. L’auteur ne dit même pas aux dames légères de Paris : « Voyez combien vos désordres retomberont sur la tête de vos fils ; vous serez un jour punies dans leur bonheur brisé. » Au demeurant, Coralie est pardonnée ; elle s’enterre bien au couvent, mais quelle fin heureuse pour une vieille catin, lasse de la vie, s’endormant au milieu des tendresses câlines des bonnes sœurs ! car je me plais à ajouter un cinquième acte, à voir Coralie