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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/336

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Je n’insisterai pas sur le quatrième acte, bien qu’il contienne peut-être la pensée morale et philosophique de l’auteur. En tout cas, je vois là une concession aux nécessités scéniques qui diminue l’œuvre et lui enlève toute largeur.

Maintenant, M. Delpit me permettra-t-il de lui donner quelques conseils, comme mon métier de critique m’y oblige ? Je vois partout qu’on l’acclame et qu’on le grise, en le poussant dans une voie qui me paraît fâcheuse. Ainsi, je nommerai M. Sarcey, dont l’autorité est réelle en matière dramatique, et qui, selon moi, fait beaucoup de victimes par les enseignements de son feuilleton. Écoutez ce qu’il écrit à propos du Fils de Coralie : « La belle chose que le théâtre ! Personne à ce moment ne pensait plus à l’indignité de la mère, à l’impossibilité du sujet. Personne ne songeait plus à chicaner son émotion. On avait en face une mère et un fils dans une situation terrible, et les répliques jaillissaient à coups pressés comme des éclats de foudre. Tout le reste avait disparu. » Cela revient à dire en bon français : « Moquez-vous de la vraisemblance, moquez-vous du bon sens, mettez simplement des pantins l’un devant l’autre, dans des situations préparées, et comptez sur l’émotion du public pour être absous : tel est le théâtre qui est une belle chose. » D’ailleurs, je le sais, M. Sarcey ne se fait pas une autre idée du théâtre, il le juge au point de vue de la consommation courante du public. Eh bien ! que M. Delpit s’avise d’écouter M. Sarcey, de croire que tous les défauts disparaissent, lorsqu’on a fait rire ou pleurer une salle, et il verra le beau résultat à sa cinquième ou sixième pièce !