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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/355

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plaît davantage aux choses prises sur la réalité.

Je parlais des types. La fortune de Bébé a été faite par le répétiteur Pétillon. Ce maître, si tolérant pour ses élèves, le nez tourné à la friandise, et se régalant le premier des fredaines de la jeunesse, était certes une caricature, mais une caricature sous laquelle on sentait la vie. Il vivait, ce cuistre sournoisement voluptueux, brûlé de tous les appétits, sous son cuir de pédant qui court le cachet. Et quelle bonne folie que la scène où il sauve les deux chenapans auxquels il donne des répétitions de droit, en racontant à une vieille ganache de père qu’il a mis le Code en couplets ! Cela est extravagant ; seulement, derrière l’extravagance, on sent l’observation, on se rappelle des pauvres diables de cet acabit qui gagnent leurs cachets, en baisant les bottes des petits gredins qu’ils sont chargés d’instruire.

Faut-il voir une leçon donnée aux auteurs dans l’accueil relativement froid fait par le public à la Petite Correspondance ? Je n’ose l’affirmer. Et pourtant MM. de Najac et Hennequin, qui sont très expérimentés, ne peuvent manquer de faire le raisonnement suivant : « Pourquoi le grand succès de Bébé, et pourquoi la demi-chute de la Petite Correspondance ? Évidemment, c’est que les imbroglios ne satisfont plus entièrement le public, car jamais nous n’en avons noué un de plus entortillé ni de plus heureusement dénoué. Il est donc temps d’abandonner cette formule commode et de chercher des situations vraies et des types réels, comme dans Bébé. Notre intérêt l’exige : soyons vivants, si nous voulons toucher de beaux droits d’auteur. »

Ce raisonnement serait excellent, et je voudrais