Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/394

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Louis XI, que la critique historique moderne a su enfin dégager des brouillards sanglants de la légende. Il est vu à la manière romantique, une manière noire, avec des clairs de lune par derrière, éclairant des gibets, avec des donjons et des tourelles, des ferrailles et des poignards, tout un tra la la de grand opéra. La vérité se trouve à chaque scène sacrifiée à l’effet, les personnages ne sont plus que des pantins qui montent sur des échasses pour paraître des colosses. C’est ainsi que Casimir Delavigne a transformé en un héros de ballade le grand roi si énergique et si habile qui travailla un des premiers à la France actuelle.

Nous sommes ici dans la question grave, dans le mouvement fatal de science qui doit peu à peu influer sur notre théâtre et le renouveler. Pendant que le romantisme combattait pour la liberté des lettres et substituait fâcheusement une rhétorique à une rhétorique, il ne s’apercevait pas que, parallèlement à lui, les sciences critiques marchaient et devaient un jour le dépasser et le vaincre, comme-il venait de vaincre l’esprit classique. Il a conquis la liberté de tout écrire, rien de moins, rien de plus ; il a été une insurrection nécessaire. On peut indiquer ainsi les trois phases : règne classique, épuisement de la langue, immobilité des formules, mort lente des lettres ; règne romantique, révolution dans les mots, déclaration des droits illimités de l’écrivain, bataille des opinions et fondation d’une nouvelle Église ; règne naturaliste, plus d’Église d’aucune sorte, création d’une méthode, enquête universelle à la seule clarté de la vérité.

Ce qui rend aujourd’hui certaines œuvres romantiques