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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/395

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presque comiques, ce qui fait que la jeune génération les trouve si vieilles et ne peut les lire sans un sourire, c’est que la critique a marché, que l’histoire vraie commence à se dégager des documents, que nous nous sommes mis à étudier l’homme et à en connaître les ressorts. Interrogez les jeunes gens de vingt-cinq ans, demandez-leur ce qu’ils pensent des plus grands poètes romantiques, ils vous répondront que la lecture leur en est devenue impossible et qu’ils sont obligés de se rejeter sur Stendhal et Balzac ; car ce qu’ils cherchent, avant tout, c’est la science exacte de l’homme. Cela est un symptôme décisif. Évidemment, pour tout esprit juste, le mouvement naturaliste s’accentue, le besoin de méthode s’est propagé des sciences à la littérature ; on ne peut plus mentir, sous peine de n’être pas écouté.

J’insiste, on ne doit pas chercher ailleurs les causes de la mort du drame. L’esprit moderne, façonné à la vérité, ne tolère plus au théâtre, même à son insu, les contes à dormir debout qui amusaient nos pères. Certes, le drame historique peut renaître, mais il faudra qu’il soit vrai, qu’il ressuscite l’histoire et ne la mette pas en complainte pour les petits et les grands enfants. Dès qu’un auteur dramatique se dégage des draperies de convention et pousse un cri de vérité humaine, un frémissement passionne la salle. Le trait restera éternel, on l’applaudira toujours, en dehors des modes littéraires.

La représentation de Louis XI à la Porte-Saint-Martin a été caractéristique. Rien n’est long et pénible comme les trois premiers actes. Casimir Delavigne les a employés à peindre un Louis XI légendaire, une figure sombre dans laquelle la cruauté domine,