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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/404

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IV

On tolère toujours une reprise ; si certaines scènes ont vieilli, si l’on est blessé par de monstrueuses invraisemblances, si l’on s’ennuie, on en est quitte pour dire : « Dame ! la pièce date de trente ans, il faut tenir compte des époques et accepter les modes du temps passé. » On en arrive, en faisant ainsi la part des engouements d’autrefois, à supporter des choses qu’on refuserait violemment aujourd’hui. Pour une pièce nouvelle, on se montre impitoyable ; elle intéresse ou elle n’intéresse pas ; personne ne lui fait crédit, et l’indifférence se produit tout de suite autour d’elle, si elle ne passionne pas le public.

Voilà pourquoi le théâtre de la Porte-Saint-Martin, dont les traditions sont d’exploiter le drame historique, se trouve réduit à vivre de reprises. Les quelques drames historiques qu’il a essayé de donner ont échoué. Les auteurs eux-mêmes me paraissent pris de peur ; ils sentent que le goût du public n’est plus là, ils n’ont aucune envie de perdre leur temps et de risquer encore une chute. Alors, pour ne pas mentir à son enseigne, pour vivre d’ailleurs et boucher des trous qu’il ne sait comment combler, le théâtre est bien forcé de fouiller les vieux cartons et de tirer quelques recettes des grands succès d’autrefois. Les chefs-d’œuvre du genre reparaissent ainsi périodiquement. On n’a pas inventé une formule neuve de drame, on vivote comme on peut avec les vieux habits et les vieux galons du répertoire romantique. Telle est la situation exacte, et je crois que personne ne peut me démentir. Seulement, on ne semble pas s’apercevoir d’