Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/405

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une chose, c’est qu’on achève de tuer le genre historique, tel que Dumas et ses collaborateurs l’ont créé, en faisant de la sorte servir leurs drames à boucher des trous. Ces drames passent à l’état d’œuvres classiques, d’œuvres mortes, puisqu’elles restent des types dont on ne peut plus tirer des copies. Les reprises, d’ailleurs, ne sauraient être éternelles. Après les Trois Mousquetaires, la Reine Margot ; après la Reine Margot, le Chevalier de Maison-Rouge. Je consens à ce que toute la série y passe, mais ensuite on ne recommencera sans doute pas. Il faut que notre génération produise. Quand on aura usé toutes les anciennes pièces, quand on aura compris que le cadre en est démodé et que décidément le public n’en veut plus, l’heure arrivera enfin où tout le monde sentira la nécessité d’une nouvelle forme de drame. C’est cette heure-là qui ne saurait tarder à sonner, selon moi.

Je ne dis pas autre chose depuis longtemps. J’estime que la défense d’une idée juste suffit à la bonne volonté d’un homme. On me prête je ne sais quelles théories révolutionnaires en art, qui, en tous cas, seraient des théories purement personnelles. Depuis que je vais assidûment dans les théâtres, je constate qu’il y règne un grand malaise, que les directeurs, les auteurs, le public lui-même sont inquiets et ne savent ce qu’ils veulent ; je me persuade de plus en plus que, les anciennes formules ayant fait leur temps, il serait bon de trouver un nouveau drame au plus vite. C’est ce que je répète chaque jour, rien de plus. Maintenant, personnellement, je vois l’avenir dans l’école naturaliste ; selon moi, pour de nombreuses raisons, le mouvement scientifique du siècle doit fatalement gagner les planches. Mais c’est