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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/47

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LES JEUNES


J’ai entendu dire un jour à un faiseur, ouvrier très adroit en mécanique théâtrale : « On nous parle toujours de l’originalité des jeunes ; mais quand un jeune fait une pièce, il n’y a pas de ficelle usée qu’il n’emploie, il entasse toutes les combinaisons démodées dont nous ne voulons plus nous-mêmes. » Et, il faut bien le confesser, cela est vrai. J’ai remarqué moi-même que les plus audacieux des débutants s’embourbaient profondément dans l’ornière commune.

D’où vient donc cet avortement à peu près général ? On a vingt ans, on part pour la conquête des planches, on se croit très hardi et très neuf ; et pas du tout, lorsqu’on a accouché d’un drame ou d’une comédie, il arrive presque toujours qu’on a pillé le répertoire de Scribe ou de M. d’Ennery. C’est tout au plus si, par maladresse, on a réussi à défigurer les situations