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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/62

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ue les jours suivants j’ai parfois la curiosité de lire leurs articles pour voir comment leur bile s’est épanchée. Ah ! le pauvre auteur, me dis-je en ouvrant les journaux, ils vont l’avoir joliment accommodé ! C’est à peine si les lecteurs pourront en retrouver les morceaux.

Je lis, et je reste stupéfait. Je relis pour bien me prouver que je ne me trompe pas. Ce n’est plus le franc parler des couloirs, la vérité toute crue, la sévérité légitime d’hommes qu’on vient d’ennuyer et qui se soulagent. Certains articles sont tout à fait aimables, jettent, comme on dit, des matelas pour amortir la chute de la pièce, poussent même la politesse jusqu’à effeuiller quelques roses sur ces matelas. D’autres articles hasardent des objections, discutent avec l’auteur, finissent par lui promettre un bel avenir. Enfin les plus mauvais plaident les circonstances atténuantes.

Et remarquez que le fait se passe surtout quand la pièce est signée d’un nom connu, quand il s’agit de repêcher une célébrité qui se noie. Pour les débutants, les uns sont accueillis avec une bienveillance extrême, les autres sont écharpés sans pitié aucune. Cela tient à des considérations dont je parlerai tout à l’heure.

Certes, je ne fais pas un procès à mes confrères. Je parle en général, et j’admets à l’avance toutes les exceptions qu’on voudra. Mon seul désir est d’étudier dans quelles conditions fâcheuses la critique se trouve exercée, par suite des infirmités humaines et des fatalités du milieu où se meuvent les juges dramatiques.

Il y a donc, entre la représentation d’une pièce et l’heure où l’on prend la plume pour en parler, toute