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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/61

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LA CRITIQUE ET LE PUBLIC


I

Il faut que je confesse un de mes gros étonnements. Quand j’assiste à une première représentation, j’entends souvent pendant les entr’actes des jugements sommaires, échappés à mes confrères les critiques. Il n’est pas besoin d’écouter, il suffit de passer dans un couloir ; les voix se haussent, on attrape des mots, des phrases entières. Là, semble régner la sévérité la plus grande. On entend voler ces condamnations sans appel : « C’est infect ! c’est idiot ! ça ne fera pas le sou ! »

Et remarquez que les critiques ne sont que justes. La pièce est généralement grotesque. Pourtant, cette belle franchise me touche toujours beaucoup, parce que je sais combien il est courageux de dire ce qu’on pense. Mes confrères ont l’air si indigné, si exaspéré par le supplice inutile auquel on les condamne, q