Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/91

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c’est de le renouveler. Le drame romantique est aussi mort que la tragédie. Attendez que l’évolution s’achève, qu’on trouve le théâtre de l’époque, celui qui sera fait avec notre sang et notre chair, à nous autres contemporains, et vous verrez les théâtres revivre. Il faut de la passion dans une littérature. Quand une formule tombe aux mains des imitateurs, elle disparaît vite. Nous avons besoin de créateurs originaux.

Ce sont là des idées bien simples, d’une vérité presque puérile tant elle est évidente, et je m’étonne que j’aie besoin de les répéter si souvent pour convaincre le monde. Il est certain que chaque période historique a sa littérature, son roman et son théâtre. Pourquoi veut-on alors que nous ayons la littérature de Louis-Philippe et de l’empire ? Depuis 1870, après une catastrophe épouvantable qui a retourné profondément la nation, nous vivons dans une époque nouvelle. Des hommes politiques nouveaux se sont produits, ont mis la main sur le pouvoir et ont aidé à l’évolution qui nous emporte vers la formule sociale de demain. Dès lors, il doit se produire en littérature une évolution semblable ; nous allons, nous aussi, à une formule qui triomphera demain ; des hommes nouveaux travaillent à son succès, fatalement, jouant le rôle qu’ils sont venus jouer. Tout cela est mathématique, tout cela est régi par des lois que nous ne connaissons pas encore bien, mais que nous commençons à entrevoir.

Il serait aussi ridicule de vouloir revenir au mouvement romantique que de songer à recommencer les journées de 1830. Aujourd’hui, la liberté est conquise, et nous tâchons d’asseoir le gouvernement et