Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courut les amours faciles, oubliant le plus possible qu’il avait une famille.

Blanche avait certainement aimé cet homme, ne fût-ce que pendant quelques jours ; mais elle l’avait méprisé ensuite, et la plaie s’était trouvée comme cautérisée par un fer rouge. Il lui restait seulement un immense regret. Elle avait compté sur son courage, et son courage ne lui donnait qu’une existence vide. Elle demeurait haute et ferme, digne toujours, au-dessus des hontes qui l’entouraient, mais son cœur saignait dans cette solitude sereine. Si elle avait pu recommencer sa vie, elle n’aurait plus mis le bonheur dans la dignité seule, elle aurait tenté de le mettre aussi dans l’amour.

Trois ans après son mariage, son père et sa mère moururent, elle resta comme orpheline. Sa famille était éteinte, elle n’avait plus aucun parent qui pût lui prêter secours. Alors, elle jouit amèrement de sa solitude, elle prit une sorte de plaisir à s’enfermer avec sa fille, âgée d’environ un an. Cette enfant lui apporta, sous