Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alcôve parfumée, dans cette grande pièce solennelle où passait le souffle froid de la mort.

Il s’approcha du lit, et, lorsqu’il vit le visage pâle de la mourante, il éclata en sanglots. Julia, là-bas, dans le large fauteuil, avait une petite mine demi-fâchée, demi-souriante, qui boudait, au milieu des boucles de ses cheveux cendrés. Ici, Blanche, dans la lueur douce, posait sa tête sur l’oreiller ; ses yeux étaient fermés, et ses traits, déjà tirés par le doigt rude de la mort, paraissaient plus allongés et plus sévères : elle semblait une figure de marbre, raide déjà, le front agrandi, les lèvres serrées.

M. de Rionne resta un instant muet devant cette face immobile qui avait, pour lui, une éloquence terrible.

Puis, il voulut voir ses lèvres se desserrer, pensant qu’un signe de vie calmerait son angoisse. Il se pencha, et, d’une voix tremblante :

— Blanche, dit-il, m’entendez-vous ? Parlez-moi, je vous en prie.

Un léger tressaillement passa sur la face de la