Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/49

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mourante, et elle leva les paupières. Ses yeux apparurent vagues, d’une limpidité profonde. Ils cherchèrent comme éblouis, ils se fixèrent enfin sur M. de Rionne. Celui-ci n’avait jamais vu mourir, et, comme il n’éprouvait pas la vraie douleur, celle qui est aveugle, qui embrasse avec emportement le cadavre d’une personne aimée, il analysait l’horreur de l’agonie. Il songeait à lui, il se disait qu’il mourrait un jour et qu’il serait comme cela.

Blanche le regarda et le reconnut. Elle soupira, essayant de sourire. Une pensée de pardon l’envahissait, à cette heure dernière. Il y eut cependant lutte en elle. Ses amertumes d’épouse lui revinrent, et il lui fallut, pour être douce, se dire qu’elle était morte déjà, que les misères de la terre ne pesaient plus à ses épaules.

D’ailleurs, elle ne se souvenait pas d’avoir fait appeler son mari. Un instant, ne trouvant personne à qui se confier, elle avait eu la pensée d’exiger de lui des serments. Maintenant que