Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/61

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de fatigue, et ne songea même pas à se coucher. Il resta ainsi longtemps, s’oubliant à regarder les meubles, se demandant parfois ce qu’il faisait là, et brusquement, se rappelant tout. Parfois, il écoutait, il était étonné de ne pas s’entendre pleurer.

Il se mit à la fenêtre. L’air lui fit du bien. Aucun bruit ne montait de l’hôtel. Il y avait, en bas, dans le petit jardin, des gens qui se hâtaient silencieusement. Sur le boulevard, les voitures roulaient, comme si la nuit n’eût rien amené de douloureux. Paris s’éveillait lentement, et un soleil pâle blanchissait les feuilles hautes.

Cette joie du ciel, cette indifférence de la ville attristèrent profondément Daniel. Il put pleurer encore. Ce fut là une crise salutaire qui allégea sa tête. Il demeura à la fenêtre, dans l’air frais, cherchant à réfléchir à ce qu’il allait faire.

Puis, il comprit qu’il ne trouverait rien de raisonnable, et il voulut s’occuper mécaniquement. Il déplaça différents objets fouilla dans