Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/71

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noirs, causaient entre eux, réunis devant les écuries. Un palefrenier, qui n’avait pas assisté à l’enterrement, lavait une voiture avec une grosse éponge.

Daniel, qui, par timidité, évitait de passer par la grande allée sablée, fit un détour et s’avança vers le groupe que formaient les domestiques. À sa vue, la conversation s’arrêta brusquement, et il vit tous les regards se tourner vers lui. De méchants sourires s’étalaient sur ces faces épaisses. Ces gens ricanaient et se montraient le pauvre garçon, qui se prit à rougir sans savoir pourquoi.

À mesure qu’il s’approchait, il devinait dans le groupe une hostilité. Les deux hommes auxquels ses regards irrités avaient imposé silence, pendant l’enterrement, étaient là, au milieu de leurs camarades, et parlaient à demi-voix, excitant les autres. Au silence subit qui s’était fait, succédèrent des paroles prononcées à haute voix, sur un ton agressif.

Daniel, rouge de honte, s’arrêta, se demandant