Page:Zola - Le Vœu d’une morte, 1890.djvu/72

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s’il ne retournerai pas en arrière. Puis, la pensée de Mme de Rionne lui vint, il marcha bravement en avant. Comme il passait, il entendit des rires ironiques, et des phrases cruelles vinrent le souffleter au visage. Chacun disait son mot.

« Voyez donc le beau page que Madame avait là !

— Et cela a reçu de l’éducation ! Tandis que nous travaillons comme des nègres, ce va-nu-pieds vit sans rien faire.

— Oui, il nous a fallu servir ce monsieur. Mais tout ça va finir.

— À la porte, le mendiant ! »

Et, comme Daniel se trouvait devant l’homme qui lavait la voiture :

« Hé ! camarade, cria cet homme, viens donc me donner un coup de main. »

Tout le groupe éclata de rire.

Daniel avait passé, frémissant. Ces hommes lui rappelaient ses compagnons de collège qui l’insultaient. Il se sentait abandonné comme