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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/140

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Le président lui prit les mains, et, avec une douceur paternelle :

« Ma pauvre enfant, répondit-il, je comprends tout. Mon rôle dans cette affaire, a été pénible... Aujourd’hui, je suis désespéré de ne pouvoir vous dire : « Ne craignez rien, j’ai la puissance de renverser le pilori, et vous ne serez pas attachée au poteau avec le condamné. »

– Alors, reprit le prêtre accablé, l’exposition aura lieu prochainement... Il ne vous est pas même permis de retarder cette scène déplorable ? »

Le président s’était levé.

« Le ministre de la justice, sur la demande du procureur général, peut en faire éloigner l’époque, dit-il vivement. Voulez-vous que cette exposition ne se fasse que dans les derniers jours de décembre ? Je serais heureux de vous prouver toute ma compassion et tout mon bon vouloir.

– Oui, oui, s’écria Blanche avec ardeur. Éloignez ce moment terrible le plus possible... Je me sentirai peut-être plus forte. »

L’abbé Chastanier, qui connaissait les projets de Marius, pensa que, devant la promesse du président, il devait se retirer sans insister davantage. Il se joignit à Blanche pour accepter l’offre qui leur était faite.

« Eh bien ! c’est convenu, leur dit le président en les accompagnant. Je vais demander, et j’obtiendrai, j’en ai la conviction, que la justice n’ait son cours que dans quatre mois... Jusque-là vivez en paix, mademoiselle. Espérez, le Ciel enverra peut-être quelque soulagement à vos souffrances.

Les deux solliciteurs descendirent.

Lorsque Fine les aperçut, elle courut à leur rencontre.

« Eh bien ? demanda-t-elle, haletante.

– Comme je vous le disais, répondit l’abbé Chastanier, le président ne peut empêcher l’exécution du jugement. »

La bouquetière devint toute pâle.