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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/142

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Rappelez-vous que je vous ai offert d’être la mère de votre enfant. Maintenant, je vous aime, je vois que vous êtes un brave cœur... Faites un signe, et je cours à votre aide. D’ailleurs, je veillerai, je ne veux pas que le pauvre petit souffre de la folie de ses parents. »

Pour toute réponse, Blanche serra silencieusement la main de la bouquetière. De grosses larmes coulaient le long de ses joues.

Mlle de Cazalis et l’abbé Chastanier repartirent sur-le-champ pour Marseille. Fine et Marius coururent à la prison. Ils apprirent à Revertégat qu’ils avaient quatre mois pour préparer l’évasion, et le geôlier leur jura qu’il tiendrait sa parole, quels que fussent le jour et l’heure où ils la lui rappelleraient.

Avant de quitter Aix, les deux jeunes gens voulurent voir Philippe, pour le mettre au courant des événements et lui dire d’espérer. Le soir, à onze heures, Revertégat les introduisit de nouveau dans la cellule. Philippe, qui commençait à s’habituer au régime de la prison, ne leur parut pas trop abattu.

« Pourvu, leur dit-il, que vous m’évitiez l’ignominie de l’exposition publique, je consens à tout... Je préférerais me casser la tête contre un mur que d’être attaché au poteau infâme. »

Et le lendemain, la diligence ramena à Marseille Marius et Fine. Ils allaient continuer sur un plus vaste théâtre la lutte où les poussait leur cœur, ils allaient fouiller au fond des misères humaines et voir à nu les plaies d’une grande ville, livrée à tous les emportements de l’industrie moderne.