Aller au contenu

Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le notaire ne sourcillait pas.

« Et tout à l’heure, continua Marius, il y avait là des prêtres qui vous bénissaient... Ah ! vous avez joué votre rôle avec un science parfaite. Moi seul, dans Marseille, sais ce que vous êtes, et si je disais tout haut quelle est l’énormité de votre crime, on me lapiderait peut-être, tant vous avez dupé habilement le public. Comment croire que le notaire Douglas, cet homme estimé de tous, cet homme frugal et religieux, travaille honteusement dans l’ombre à la ruine de sa vaste clientèle !... Moi-même je douterais encore si je pouvais douter, à vous voir si calme devant moi, dans votre attitude humble et pieuse de moine en prière... Mais parlez donc défendez-vous, si vous le pouvez ! »

Douglas avait pris un couteau à papier, le tournait entre ses doigts, comme indifférent à tout ce que disait Marius.

« Que voulez-vous que je vous dise ? répondit-il enfin. Vous me jugez en enfant. Je vous laisse crier. Peut-être m’écouterez-vous ensuite paisiblement. »