Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

blessées et qui montent dans le ciel avant leur mort.

Un jour, l’abbé Chastanier resta jusqu’au soir et s’éloigna avec Fine. Il avait à apprendre à la bouquetière de mauvaises nouvelles qu’il ne voulait pas faire connaître devant Blanche. Il trouva, sur la côte, Marius qui attendait son amie.

« Mon cher enfant, lui dit-il, voilà vos chagrins qui vont recommencer. M. de Cazalis m’a écrit hier. Il s’étonne beaucoup de ce que la sentence prononcée contre votre frère n’ait pas encore reçu son exécution, et il me dit qu’il fait des démarches pour hâter l’heure de l’exposition publique... Où en êtes-vous ? Comptez-vous délivrer bientôt le prisonnier ?

– Eh ! non répondit Marius avec douleur, je ne suis pas plus avancé que le premier jour... J’espérais avoir au moins six semaines devant moi.

– Je ne crois pas, reprit l’abbé, que M. de Cazalis puisse décider le président à nous manquer de parole... D’ailleurs, notre démarche a été tenue secrète, et cela me fait penser que le sursis durera jusqu’à la fin de décembre, comme on l’a promis. Mais je vous conseille de vous hâter... On ne sait ce qu’il peut arriver, j’ai tenu à vous avertir des faits qui se passent. » Fine et Marius étaient consternés. Ils rentrèrent à Marseille avec le prêtre, silencieux, retombés dans toutes les angoisses. Leur amour les avait comme aveuglés pendant une semaine, et voilà qu’ils retrouvaient le même gouffre sous leurs pas.