Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/266

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Alors, courez vite lui dire que la chaise de poste est au coin de la rue des Tyrans... Qu’elle monte dedans... J’y serai dans cinq minutes. »

Donadéi ferma vivement la porte, et Sauvaire se mit à rire silencieusement, en se tenant les côtes. Il trouvait l’aventure impayable.

Il regagna la rue du Petit-Chantier, où Clairon et Marius l’attendaient.

« Tout marche à merveille, leur dit-il à voix basse, l’abbé donne dans le piège avec une innocence angélique... Je sais où est la chaise de poste.

– Je l’ai vue en venant, dit Marius, elle est au coin de la rue des Tyrans.

– C’est cela ; il n’y a pas un instant à perdre, l’abbé a promis d’y être dans cinq minutes. »

Nos trois personnages se coulèrent doucement le long des maisons et descendirent le boulevard de la Corderie jusqu’à la rue des Tyrans. Là, ils aperçurent dans l’ombre la chaise de poste attelée, chargée, prête à partir au premier claquement de fouet. Marius et Sauvaire se cachèrent dans le creux d’une porte cochère. Clairon resta devant eux, sur la chaussée.

En attendant l’abbé, Sauvaire et Clairon plaisantaient à voix basse.

« Bah ! il ne voudra pas de moi, disait Clairon, il me lâchera au premier relais.

– Qui sait ?

– Il est gentil. J’avais peur qu’il ne fût vieux.

– Dis donc, tu parais amoureuse de l’abbé... Oh ! je ne suis pas jaloux. Seulement, si tu t’en vas si volontiers avec lui, tu devrais bien me rendre les mille francs que je t’ai donnés, pour te décider à nous servir.

– Les mille francs ! ah ! bien, et s’il me plante là, ne faudra-t-il pas que je paie mon voyage pour revenir ?

– Je plaisantais, ma chère, je ne reprends pas ce que j’ai donné. D’ailleurs, je ris pour mon argent. »

Marius intervint. Il répéta à Clairon ses instructions.

« Faites bien ce que je vous ai recommandé, dit-il.