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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/304

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« Puisque vous me donnez vos instructions suprêmes, je puis, je dois même vous adresser une question... Je sais que vous ne vous tromperez pas sur mes intentions... Vous possédez, je crois, une grande fortune que gère M. de Cazalis ?

– Oui, répondit Blanche, mais je ne me suis jamais occupée de cet argent.

– Votre fils, continua la bouquetière, n’a aujourd’hui aucun besoin, et tant qu’il restera avec nous, il pourra être pauvre. Nous le ferons riche de tendresse et de bonheur... Mais, un jour, la fortune peut être dans ses mains un levier puissant... Vous n’entendez pas le priver de votre héritage ?

– Je vous ai dit que je quittais le monde, je vais être comme morte.

– C’est une raison de plus pour assurer son avenir. Demandez des comptes à M. de Cazalis, réglez vos affaires avant de disparaître. »

Blanche frissonna.

« Oh ! je n’oserai jamais, murmura-t-elle. Vous ignorez la puissance terrible que mon oncle exerce sur moi : un seul de ses regards m’écrase... Non, je ne puis lui demander des comptes.

– Cependant, les intérêts de votre fils exigent de votre part une pareille démarche.

– Non, vous dis-je, je ne m’en sens pas le courage. »

Fine demeura un instant silencieuse et embarrassée. Son devoir la poussait à insister, elle aurait voulu tirer Blanche de ses craintes lâches.

« Puisque vous ne pouvez agir par vous-même, reprit-elle enfin, laissez aux autres le soin de veiller sur la fortune de ce pauvre petit... Vous ne vous opposez pas à ce qu’on revendique un jour cette fortune, que vous semblez abandonner aujourd’hui ?

– Vous êtes cruelle, répondit la jeune mère avec des larmes, vous me faites sentir ma faiblesse et mon impuissance... Vous le savez bien, je vous donne tout pouvoir.