Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/337

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Mathéus, dans le premier moment, fut stupéfait. Il ne s’attendait point à trouver là cette jeune femme, qu’il ne connaissait pas et qui semblait être la mère du petit. Puis, le misérable eut un sourire de mauvais augure. Après tout, il aimait mieux avoir affaire à cette jeune femme qu’à Philippe. D’une poussée, il allait la renverser sur le foin, et il lui arracherait l’enfant aisément. Fine lut sans doute sa pensée dans ses yeux, car elle s’adossa contre le mur, les jambes raidies, prête à lutter.

Ils n’échangeaient pas une parole. Le rat de cave éclairait vaguement leur silence. Il allongeait la main, elle fermait les yeux, se croyant déjà morte, lorsqu’un bruit croissant monta de la salle, où Philippe se trouvait encore avec les gendarmes. Une voix bien-aimée, que la jeune femme reconnut, criait : « Grâce ! grâce ! » avec des éclats de joie et de triomphe.

Fine se redressa.

« Entendez-vous ? dit-elle à Mathéus. Le Ciel nous a secourus. C’est pour vous, coquin ! que les gendarmes ont apporté des menottes. »

Mathéus, effrayé, oublia Fine et l’enfant, ne songeant plus qu’à son salut. Il courut à la porte du grenier et écouta. Il se demandait par où il pourrait fuir, dans le cas où les choses tourneraient mal.

En bas, Philippe, après avoir pris connaissance du mandat d’amener lancé contre lui, avait dû se livrer aux gendarmes. Il réussit cependant à retarder encore son départ, en prétextant qu’il ne pouvait quitter la maison du jardinier Ayasse sans lui laisser quelques lignes d’explication. La vérité était qu’il avait vu Mathéus disparaître par l’escalier, et qu’il tremblait pour Fine et son enfant. Il ne comptait plus sur Marius, il aurait simplement voulu attendre le retour du jardinier, afin de ne pas laisser la maison à la merci de M. de Cazalis.

Les gendarmes lui permirent d’écrire quelques lignes. Puis, ils lui déclarèrent qu’il fallait marcher. Alors, il regarda désespérément autour de lui, et il n’aperçut que l’ancien député qui ricanait.