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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/394

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XVI

Les barricades de la place aux Œufs


Pendant qu’une terreur folle emportait et dispersait la foule, Philippe et Marius étaient restés quelques instants près de l’hôtel des Empereurs, abrités dans l’enfoncement d’une porte, pour ne pas être entraînés par le flot des fuyards.

Philippe sentait se révolter en lui tous ses sentiments de loyauté, au souvenir du lâche assassinat qu’on venait de tenter sur la personne du général, et son frère, qui lisait cette indignation sur son visage, se promettait de profiter de la circonstance pour essayer une dernière fois de l’arracher à la guerre civile.

Quand ils s’étaient trouvés seuls :

« Eh bien ! lui avait demandé Marius, veux-tu toujours faire cause commune avec ces meurtriers ?

– Il y a des misérables dans tous les partis, avait répondu sourdement Philippe.

– Je le sais, mais une insurrection est fatalement condamnée, lorsqu’elle commence sous d’aussi tristes auspices... Je t’en supplie, viens avec moi, ne te compromets pas davantage. »

Les deux frères s’étaient mis à remonter lentement vers le Cours. Marius poussait Philippe de ce côté, pour l’amener dans la chambre où était caché son enfant, il se disait qu’une fois là, il le retiendrait et le sauverait malgré lui.

« Fine et Joseph se sont réfugiés près d’ici, lui disait-