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XVIII

L’attaque


Grâce à son uniforme de garde national, M. de Cazalis put suivre les phases diverses de l’émeute. Dès le matin, lorsque Mathéus l’avait quitté devant la Préfecture, il s’était glissé dans les rangs de la première compagnie qu’il avait rencontrée. Cette compagnie se trouva être celle de Sauvaire, et l’ancien député assista ainsi à l’échauffourée de la rue de la Palud.

Il ne connaissait que vaguement les plans de Mathéus. Une curiosité lui fit suivre toutes les manœuvres de ce dernier. Après la prise de la barricade, il vint avec la compagnie Sauvaire sur la Cannebière et fut témoin des malheureux événements qui s’y accomplirent. Quand il vit passer le sanglant cortège que conduisait l’espion, il comprit que la lutte devenait inévitable, il se rappela le rendez-vous que son complice lui avait donné.

Mais il fut pris d’une grande perplexité, lorsqu’une terreur panique eut dispersé la foule. La prudence lui conseillait de ne pas quitter ses nouveaux compagnons d’armes. Pendant près de deux heures, il resta sur la place de la Révolution avec la compagnie, qui attendait des ordres pour marcher.

Ce qui l’inquiétait surtout, c’était de ne pas mieux connaître les projets de Mathéus, qui lui avait seulement dit de le rejoindre, à l’endroit où s’élèveraient des barricades. Il fut brusquement tiré de sa perplexité