Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/412

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savait riche, on l’accusait peut-être secrètement de céder à la peur.

Le prêtre et l’armateur revinrent désespérés près de Philippe. Celui-ci aurait désiré les voir réussir, mais il n’osait les aider ouvertement. En face de ses fautes, dont il voyait maintenant les conséquences, en face des dangers qui menaçaient les siens, il éprouvait une lâcheté.

« Je vous avais avertis, dit-il, toute tentative pacifique est inutile. Le peuple veut se battre et il se battra. Laissez-nous faire notre devoir. »

Il s’arrêta pour prêter l’oreille. Un bruit sourd, un cliquetis lointain venait de la Grand-Rue.

« Voici la troupe et la garde nationale », reprit-il d’une voix grave.

Et il s’éloigna rapidement, après avoir serré la main de Marius, qui se hâta de remonter près de Fine. M. Martelly et l’abbé Chastanier s’avancèrent vers la barricade de la Grand-Rue, derrière laquelle venait de se poster Philippe.

Le silence, un silence écrasant, s’était fait de nouveau, et, dans ce silence, on entendait les pas lourds et réguliers des soldats. Les insurgés, accroupis, cachés, attendaient.