Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/42

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C’est ainsi que les amants restèrent pendant près de huit jours à Lambesc. Ils y vécurent, retirés, dans une paix que troublaient par instants des épouvantes soudaines. Philippe avait reçu les mille francs de Marius ; Blanche devenait une petite ménagère ; et les amants mangeaient avec délices dans la même assiette.

Cette existence nouvelle semblait un rêve à la jeune fille. Par moments, elle ne savait plus pourquoi elle était la maîtresse de Philippe ; elle se révoltait alors, elle aurait voulu retourner chez son oncle ; mais elle n’osait dire cela tout haut.

On était alors dans l’octave de la Fête-Dieu. Une après-midi, comme Blanche se mettait à la fenêtre, elle vit passer une procession. Elle s’agenouilla et joignit les mains. Elle crut se voir, en robe blanche, parmi les chanteuses, et son cœur se déchira.

Le soir même, Philippe reçut un billet anonyme. On l’avertissait qu’il devait être arrêté le lendemain. Il crut reconnaître l’écriture de M. de Girousse. La fuite recommença, plus rude et plus douloureuse.