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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/426

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l’œuvre Mathéus ! Je double la récompense promise, si tu réussis. »

Les sapeurs venaient de donner les premiers coups de hache, et la porte rendait un bruit sourd.

« Et sais-tu où a passé ce misérable Philippe ? demanda M. de Cazalis.

– J’espère bien qu’il est arrêté, répondit Mathéus. En tout cas, il va être pincé, s’il s’est réfugié dans la maison. Ne vous inquiétez, pas, son affaire est réglée, il en a au moins pour dix ans de déportation.

– J’aurais mieux aimé en finir avec lui... Je l’ai tenu au bout de mon fusil... Ne crains-tu pas, s’il est dans la maison, qu’il ne dérange tes plans ?

– Bah ! il est caché sans doute au fond de quelque armoire... Attention ! voilà la porte qui cède. Ne vous mêlez de rien, regardez-moi faire, si cela vous amuse. Et, dès que j’aurai l’enfant, suivez-moi rapidement. Nous réglerons notre compte plus loin. »

Mathéus laissa son maître au milieu de la place et vint se mêler aux assiégeants. Les haches des sapeurs avaient fendu la porte, dont les gonds et la serrure tenaient encore. Elle allait être enfoncée.

Sauvaire avait suivi cette opération d’un air anxieux. Il comptait réunir ses hommes et entrer le premier. Comme la porte commençait à céder, une main se posa sur son bras. Il se tourna et reconnut Cadet, le frère de Fine.

Le jeune homme l’entraîna vivement à l’écart et lui demanda d’une voix étouffée :

« Que se passe-t-il ? Avez-vous vu ma sœur ? »

Et, avant que l’ancien maître portefaix eût pu répondre :

« Depuis ce matin, continua Cadet, nous sommes consignés, mes hommes et moi, dans nos bureaux. L’autorité, qui connaît mes opinions, a envoyé un piquet de gardes nationaux à ma porte, et je viens à peine de pouvoir m’échapper... J’ai couru au cours Bonaparte, au logement de mon beau-frère. La maison est