Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/429

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XX

Comme quoi l’insurgé Philippe tira un dernier coup de feu


Les angoisses de Fine avaient été terribles pendant la lutte. Chaque coup de fusil la faisait tressaillir, elle se disait avec épouvante que la balle avait peut-être tué un des siens. Elle eût voulu être en bas, dans la rue, pour partager les périls de Marius et de Philippe. Mais la présence de Joseph la clouait dans cette chambre où elle se mourait d’inquiétude.

Le pauvre enfant se réfugiait sur son sein. Il était blanc comme un linge, et serrait les dents, ne pouvant pleurer. La face dans les jupes de la jeune femme, ses petits bras passés convulsivement autour de sa taille, il restait immobile et muet.

À plusieurs reprises, des balles entrèrent par la fenêtre, écornant les meubles, s’enfonçant dans les murs. Fine regardait avec stupeur les trous que ces balles creusaient. Elle se faisait plus petite, elle serrait Joseph plus étroitement dans ses bras. Certes, elle ne pensait pas à elle, mais un frisson la glaçait, lorsqu’elle songeait qu’une balle pouvait ricocher et venir frapper l’enfant sur sa poitrine.

Pendant plus d’une heure, ce supplice dura. Elle écoutait avec anxiété les moindres bruits. Tout d’un coup, au tumulte qui monta de la place, elle comprit que les barricades venaient d’être emportées. Elle