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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/438

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« Je savais bien, pensa Sauvaire, qui ne l’avait pas quitté des yeux, que ce vilain oiseau-là devait être pour quelque chose dans l’enlèvement de l’enfant. »

Cependant, la lutte était terminée, les troupes restaient victorieuses. Il était environ quatre heures. La résistance avait été vive, mais de courte durée. Les principaux chefs des insurgés s’étaient enfuis, dès la prise des barricades. Un grand nombre d’ouvriers furent cependant arrêtés. Ceux qui ne purent s’échapper par les toits des maisons où ils s’étaient réfugiés furent pris dans les caves, dans les armoires, sous les lits, dans les cheminées, et jusque dans les puits, partout où ils avaient cru trouver un asile.

Les maisons une fois fouillées, les six barricades furent détruites et la force armée occupa militairement la place aux Œufs.

Le soir, il y eut chez Marius une réunion intime. Le jeune ménage, Philippe et Joseph s’étaient retrouvés avec des larmes de joie et d’attendrissement. M. de Girousse troubla leur bonheur, en leur faisant remarquer qu’il s’agissait de faire disparaître Philippe au plus tôt, si l’on ne voulait pas le voir envoyé dans quelque colonie. Il offrit de l’emmener le lendemain à Lambesc et de l’y cacher dans une de ses propriétés, ce qui fut accepté avec reconnaissance. Jusqu’au lendemain, Philippe devait demeurer dans la maison de M. Martelly.

Quand il ne fut plus là, M. de Girousse eut une longue conversation avec Marius, au sujet de M. de Cazalis. Cadet avait remis à son beau-frère les papiers trouvés dans la poche de Mathéus, parmi lesquels était cette lettre que l’espion avait exigée de son maître et qui lui garantissait une somme pour prix du rapt de Joseph. Une pareille pièce était une arme terrible. Les Cayol pouvaient désormais faire rendre gorge à l’oncle de Blanche.

Mais Marius pensa que le mieux était de ne réclamer aucun argent de M. de Cazalis, et de se servir uniquement de la lettre trouvée sur Mathéus comme d’une menace éternelle, qui forcerait le député à ne tenter aucune