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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/451

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XXII

Le châtiment


Quand le fiacre emportant Philippe se fut éloigné, M. de Cazalis remercia vivement les sergents qui lui avaient servi de témoins.

« Messieurs, leur dit-il, pardonnez le dérangement que je vous ai causé, et veuillez me permettre de vous reconduire à Marseille. »

Les sergents firent quelques façons, disant qu’ils pouvaient fort bien rentrer seuls à la ville. Mais M. de Cazalis tint bon. La vérité était qu’il avait le désir de savoir si Philippe était bien mort : il n’osait se réjouir, tant que son ennemi ne serait pas cloué dans la bière.

Comme le fiacre qui ramenait l’ancien député et ses témoins débouchait de la rue d’Aix, il fut arrêté par la procession solennelle qui reconduisait la statue de Notre-Dame de la Garde à son église. Cette Vierge est la gardienne de Marseille. Dans les malheurs publics les habitants la promènent dans leurs rues, se prosternent à ses pieds, la supplient d’implorer pour eux la clémence de Dieu, M. de Cazalis fut irrité de cet obstacle. Pendant un grand quart d’heure, il dut rester là. Au fond de lui, il envoyait la procession à tous les diables, il avait hâte d’avoir des nouvelles de Philippe.

Mais, à la minute même où la Vierge passait devant lui, il sentit tout d’un coup un froid mortel qui descendait dans ses entrailles. Il s’appuya sur l’épaule d’un