Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/53

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Blanche, pâle et frissonnante, venait de descendre l’échelle. Elle s’était habillée à la hâte.

« Mademoiselle, lui dit le commissaire, j’ai ordre de vous ramener auprès de votre oncle qui vous attend à Aix. Il est dans les larmes.

– J’ai un grand chagrin d’avoir mécontenté mon oncle, répondit Blanche avec une certaine fermeté. Mais il ne faut point accuser M. Cayol, que j’ai suivi de mon plein gré. »

Et, se tournant vers le jeune homme, émue, près de sangloter encore :

« Espérez, Philippe, continua-t-elle, je vous aime et je supplierai mon oncle d’être bon pour nous. Notre séparation ne durera que quelques jours. »

Philippe la regardait d’un air triste, secouant la tête.

« Vous êtes une enfant peureuse et faible », répondit-il lentement.

Puis, il ajouta d’un ton âpre :

« Souvenez-vous seulement que vous m’appartenez… Si vous m’abandonnez, à chaque heure de votre vie vous me trouverez en vous, vous sentirez toujours sur vos lèvres la brûlure de mes baisers, et ce sera là votre châtiment. »

Elle pleurait.

« Aimez-moi bien, comme je vous aime moi-même », reprit-il d’une voix plus douce.

Le commissaire fit monter Blanche dans une voiture qu’il avait envoyé chercher, et la reconduisit à Aix, tandis que deux agents emmenaient Philippe et allaient l’écrouer dans la prison de cette ville.