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VIII

Le pot de fer et le pot de terre


Lorsque, le soir, Marius raconta à M. Martelly l’entrevue qu’il avait eue avec M. de Cazalis, l’armateur lui dit en hochant la tête :

« Je ne sais quel conseil vous donner, mon ami. Je n’ose vous désespérer ; mais vous serez vaincu, n’en doutez pas. Votre devoir est d’engager la lutte, et je vous seconderai de mon mieux. Avouons pourtant entre nous que nous sommes faibles et désarmés, en face d’un adversaire qui a pour lui le clergé et la noblesse. Marseille et Aix n’aiment guère la monarchie de Juillet, et ces deux villes sont toutes dévouées à un député de l’opposition qui fait une guerre terrible à M. Thiers. Elles aideront M. de Cazalis dans sa vengeance ; je parle des gros bonnets, le peuple nous servirait, s’il pouvait servir quelqu’un. Le mieux serait de gagner à notre cause un membre influent du clergé. Ne connaissez-vous pas quelque prêtre en faveur auprès de notre évêque ? »

Marius répondit qu’il connaissait l’abbé Chastanier, un pauvre vieux bonhomme, qui ne devait avoir aucun pouvoir.

« N’importe, allez le voir, répondit l’armateur. La bourgeoisie ne peut nous être utile ; la noblesse nous jetterait honteusement à la porte, si nous allions quêter chez elle des recommandations. Reste l’Église. C’est là qu’il nous faut frapper. Mettez-vous en campagne, je travaillerai de mon côté. »