Marius, dès le lendemain, se rendit à Saint-Victor. L’abbé Chastanier le reçut avec une sorte d’embarras peureux.
« Ne me demandez rien, s’écria-t-il dès les premiers mots du jeune homme. On a su que je m’étais déjà occupé de cette affaire, et j’ai reçu de graves reproches… Je vous l’ai dit, je ne suis qu’un pauvre homme, je ne puis que prier Dieu. »
L’attitude humble du vieillard toucha Marius. Il allait s’éloigner, lorsque le prêtre le retint et lui dit à voix basse :
« Écoutez, il y a ici un homme, l’abbé Donadéi, qui pourrait vous être utile. On prétend qu’il est au mieux avec Monseigneur. C’est un prêtre étranger, un Italien, je crois, qui a su se faire aimer de tout le monde en quelques mois… »
L’abbé Chastanier s’arrêta, hésitant, semblant s’interroger lui-même. Le digne homme songeait qu’il allait se compromettre terriblement, mais il ne pouvait résister à la joie de rendre un service.
« Voulez-vous que je vous accompagne chez lui ? » demanda-t-il brusquement.
Marius, qui avait remarqué sa courte hésitation, essaya de refuser ; mais le vieillard tint bon, il ne songeait plus à sa tranquillité personnelle, il songeait à contenter son cœur.
« Venez, reprit-il, l’abbé Donadéi demeure à deux pas, sur le boulevard de la Corderie. »
Après quelques minutes de marche, l’abbé Chastanier s’arrêta devant une petite maison à un étage, une de ces maisons closes et discrètes qui ont de vagues senteurs de confessionnal.
« C’est ici », dit-il à Marius.
Une vieille servante vint leur ouvrir et les introduisit dans un étroit cabinet, aux tentures sombres, qui ressemblait à un boudoir austère.
L’abbé Donadéi les reçut avec une aisance souple. Son visage pâle, d’une finesse où perçait la ruse, n’exprima