Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/65

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calma, il remercia l’abbé Chastanier, et s’éloigna, en se disant avec désespoir que la dernière porte de salut, celle dont le haut clergé tenait la clef, se fermait devant lui.

Le lendemain, M. Martelly lui rendit compte d’une démarche qu’il venait de tenter auprès du premier notaire de Marseille, M. Douglas, homme pieux qui, en moins de huit ans, était devenu une véritable puissance par sa riche clientèle et ses larges aumônes. Le nom de ce notaire était aimé et respecté. On parlait avec admiration des vertus de ce travailleur intègre qui vivait frugalement ; on avait une confiance sans bornes dans son honnêteté et dans l’activité de son intelligence.

M. Martelly s’était servi de son ministère pour placer quelques capitaux. Il espérait que, si Douglas voulait prêter son appui à Marius, ce dernier aurait une partie du clergé pour lui. Il se rendit chez le notaire et lui demanda son aide. Douglas, qui semblait très préoccupé, balbutia une réponse évasive, disant qu’il était surchargé d’affaires, qu’il ne pouvait lutter contre M. de Cazalis.

« Je n’ai pas insisté, dit M. Martelly à Marius, j’ai cru comprendre que votre adversaire vous avait devancé… Je suis pourtant étonné que M. Douglas, cet homme probe, se soit laissé lier les mains… Maintenant, mon pauvre ami, je crois que la partie est bien perdue. »

Pendant un mois, Marius courut Marseille, tâchant de gagner à sa cause quelques hommes influents. Partout on le reçut froidement, avec une politesse railleuse. M. Martelly ne fut pas plus heureux. Le député avait rallié toute la noblesse et le clergé autour de lui. La bourgeoisie, les gens de commerce riaient sous cape, sans vouloir agir, ayant une peur atroce de se compromettre. Quant au peuple, il chansonnait M. de Cazalis et sa nièce, ne pouvant servir autrement Philippe Cayol.

Les jours s’écoulaient, l’instruction du procès criminel