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Un procès scandaleux


Tout Aix était en émoi. Le scandale éclate avec une étrange énergie dans les petites villes paisibles, où la curiosité des oisifs n’a pas chaque jour un nouvel aliment. Il n’était bruit que de Philippe et de Blanche ; on racontait en pleine rue les aventures des amants ; on disait tout haut que l’accusé était condamné à l’avance, que M. de Cazalis avait, par lui ou ses amis, demandé sa condamnation à chaque juré.

Le clergé d’Aix prêtait son appui au député, assez faiblement il est vrai ; il y avait alors, dans ce clergé, des hommes auxquels il répugnait de travailler à une injustice. Quelques prêtres obéirent cependant aux influences venues du cercle religieux de Marseille, dont l’abbé Donadéi était, pour ainsi dire, le maître. Ces prêtres essayèrent, par des visites, par des démarches habiles, de lier les mains à la magistrature. Ils réussirent surtout à persuader aux jurés la sainteté de la cause de M. de Cazalis.

La noblesse les aida puissamment dans cette tâche. Elle se croyait engagée d’honneur à écraser Philippe Cayol. Elle le regardait comme un ennemi personnel qui, ayant osé attenter à la dignité d’un des siens, l’avait par là même, insultée tout entière. À voir ces comtes et ces marquis se remuer, s’irriter, se liguer en masse, on eût cru que les ennemis se trouvaient aux portes de la ville. Il s’agissait simplement de faire condamner