d’Élise Rouquet, les arrêtait maintenant sur un homme qui occupait un coin de l’autre compartiment, à sa droite, celui où gisait le frère Isidore. À plusieurs reprises, elle l’avait remarqué, très pauvrement vêtu d’une vieille redingote noire, jeune encore, avec une barbe rare, grisonnante déjà ; et il semblait souffrir beaucoup, petit et amaigri, le visage décharné, couvert de sueur. Pourtant, il restait immobile, rentré dans son coin, ne parlant à personne, regardant fixement devant lui de ses yeux grands ouverts. Et, brusquement, elle s’aperçut que les paupières retombaient, et qu’il s’évanouissait.
Alors, elle attira l’attention de sœur Hyacinthe.
— Ma sœur, on dirait que ce monsieur se trouve mal.
— Où donc, ma chère enfant ?
— Là-bas, celui qui a la tête renversée.
Ce fut une émotion, tous les pèlerins valides se mirent debout, pour voir. Et madame de Jonquière eut l’idée de crier à Marthe, la sœur du frère Isidore, de taper dans les mains de l’homme.
— Questionnez-le, demandez-lui où il souffre.
Marthe le secoua, lui posa des questions. Mais l’homme ne répondait pas, râlait, les yeux toujours clos.
Une voix effrayée s’éleva, disant :
— Je crois bien qu’il va passer.
La peur grandit, des paroles se croisèrent, des conseils étaient donnés d’un bout à l’autre du wagon. Personne ne connaissait l’homme. Il n’était sûrement pas hospitalisé, car il ne portait pas au cou la carte blanche, couleur du train. Quelqu’un raconta qu’il l’avait vu arriver trois minutes seulement avant le départ, se traînant, et qu’il s’était jeté dans ce coin où il se mourait, d’un air d’immense fatigue. Puis, il n’avait plus soufflé. On aperçut d’ailleurs son billet, passé dans le ruban de son vieux chapeau haute forme, accroché près de lui.
Sœur Hyacinthe eut une exclamation.