Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/392

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— Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir !

— Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir !

— Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison, mais dites seulement une parole, et je serai guéri !

— Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison, mais dites seulement une parole, et je serai guéri !

Marthe, la sœur du frère Isidore, s’était mise à causer tout bas avec madame Sabathier, près de qui elle venait enfin de s’asseoir. Toutes deux avaient fait connaissance à l’Hôpital ; et, dans le rapprochement de tant de souffrance, la servante disait familièrement à la bourgeoise combien elle était inquiète de son frère ; car, elle le voyait bien, il n’avait plus qu’un souffle. La sainte Vierge pouvait se dépêcher, si elle voulait le guérir. C’était déjà un miracle qu’on l’eût amené vivant, jusqu’à la Grotte.

Dans sa résignation de pauvre créature simple, elle ne pleurait pas. Mais elle avait le cœur si gros, que ses rares paroles s’étouffaient. Puis, un flot du passé lui revint ; et, la bouche empâtée de ses longs silences, elle soulagea son cœur.

— Nous étions quatorze à la maison, à Saint-Jacut, près de Vannes… Lui, tout grand qu’il était, a toujours été chétif ; et c’est pour ça qu’il est resté avec notre curé, lequel a fini par le mettre dans les Écoles chrétiennes… Les aînés ont pris le bien, et moi, j’ai préféré entrer en condition. Oui, c’est une dame qui m’a ramenée avec elle à Paris, voici cinq ans déjà… Ah ! que de peine dans la vie ! Tout le monde a tant de peine !

— Vous avez bien raison, ma fille, répondit madame Sabathier, en regardant son mari, qui répétait avec dévotion chaque phrase du père Massias.

— Alors, continua Marthe, voilà que j’ai su, le mois dernier, qu’Isidore, revenu des pays chauds, où il était