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Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/478

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l’héritage. C’était simplement une question de jours, ce duel à qui partirait le premier. Puis, au bout, c’était quand même la mort, le petit à son tour s’en allait, lui seul empochait l’argent, vieillissait longtemps dans l’allégresse. Et ces choses affreuses sortaient si nettes des yeux fins, mélancoliques et souriants du pauvre être condamné, s’échangeaient entre eux avec une telle clarté d’évidence, qu’un instant il sembla au père et au fils qu’ils se les criaient à voix très haute.

Mais M. Vigneron se débattit, tourna la tête, protesta violemment.

— Comment ! tu seras mort ?… En voilà des idées ! C’est absurde, des idées pareilles !

Madame Vigneron s’était remise à sangloter.

— Méchant enfant, peux-tu nous causer une telle peine, au moment où nous pleurons une perte si cruelle déjà !

Il fallut que Gustave les embrassât, en leur promettant de vivre, de faire cela pour eux. Cependant, il n’avait pas cessé de sourire, sachant bien que le mensonge était nécessaire, quand on voulait ne pas trop s’attrister, résigné d’ailleurs à laisser après lui ses parents heureux, puisque la sainte Vierge elle-même ne pouvait lui donner, en ce monde, le petit coin de bonheur pour lequel toute créature aurait dû naître.

Sa mère alla le recoucher, et Pierre enfin se releva, au moment où M. Vigneron achevait de disposer la chambre d’une façon convenable.

— Vous m’excusez, n’est-ce pas ? monsieur l’abbé, dit-il en accompagnant le jeune prêtre jusqu’à la porte. Je n’ai pas la tête bien à moi… Enfin, c’est un mauvais quart d’heure à passer. Il faudra tout de même que je m’en tire.

Dans le corridor, Pierre s’arrêta une minute, écoutant un bruit qui montait de l’escalier. Il avait songé encore à M. de Guersaint, il croyait reconnaître sa voix. Puis,